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Le projet que je développe pour la résidence Mode d’emploi porte sur la géographie de Tours. Je me suis intéressée à la façon dont le corps est corrigé et modifié par des pratiques liées à la construction de la ville et à ses architectures. La direction des corps et des esprits passent par la répétition, la lumière, la publicité, le big data, le son, le journal, à travers l’organisation de la ville. J’ai commencé une recherche autour du paysage et de la construction de la ville de Tours. Au début, je ne connaissais pas l’histoire de l’organisation de la ville et je me suis tout de suite intéressée au plan des rues de Tours. C’est un dessin très géométrique, fait de lignes horizontales et verticales. Je me suis posée des questions sur le but d’une telle organisation. Parce que pour moi il y a toujours des idées, des buts derrière l’organisation de la ville et son architecture. Elles sont comme des règles, elles orientent la vie au sein de la ville. C’est la raison pour laquelle j’ai dessiné des plans de Tours vides, c’est à dire qu’il n’y restent plus que les frontières, la silhouette de la ville. J’ai ensuite invité des habitants à les remplir et à produire leur propre carte. Pour moi, les plans et les architectures sont comme une contrainte commune, ils représentent la consigne et les humains sont la réponse. Avec différents groupes d’habitants nous travaillons ensemble sur les cartes. Je prends des notes et dessine pendant nos discussions.
Le résultat des plans diffère selon les histoires, les indications, les opinions, les ressentis… Ce qui émerge, ce sont les plans de conscience de chaque personne, mais tous créé à partir de la même contrainte: le plan de la ville et ses limites. J’ai été influencée par une phrase dans la préface de l’édition chinoise de Poétique de l’espace de Gaston Bachelard : “l’espace n’est pas un contenant que l’on remplit d’objets, il est la résidence de la conscience humaine.” (traduit par moi). La forme finale de ce projet est une édition qui rassemble les éléments du travail effectué avec les habitants, ainsi que des photos prises sur les sites de construction de Tours. Ce que je trouve intéressant, c’est de voir trois temporalité réunies dans cette édition: les décisions actuelles dirigées vers le futur, la vie présente des habitants qui pratiquent la ville et, de temps en temps, la marque du passé.
